Le 17 Novembre 2018, un Aigle ibérique a été récupéré par l’AMFCR dans la région de Bouznika. L’oiseau, une jeune femelle née en 2017 en Espagne, était affaibli, en détresse et atteint de coccidioses.
Soignée puis réhabilitée durant un mois en volière par l’AMFCR, son marquage et son relâcher ont été organisés avec l’accord et l’étroite collaboration du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification, de la Consejeria de Medio Ambiente y Ordenacion del Territorio de la Junta de Andalucia et de la Fondation Migres.
Une balise GPS de 45 grammes ainsi qu’une bague Darvic jaune M06 ont été installées sur l’oiseau qui a été relâché le 17 Décembre 2018 avec succès. Le rapace a par la suite été observé plusieurs fois, en bonne santé, dans la subéraie de la région de Benslimane.
Pour rappel, l’Aigle Ibérique est une espèce emblématique qui a failli disparaitre dans les années 1970, principalement à cause des électrocutions, de la raréfaction des proies (notamment le lapin), l’empoisonnement et la modification de ses habitats.
Le plan de Récupération et de Conservation de l’Aigle ibérique mis en place par les différentes provinces espagnoles a permis la stabilisation, puis l’augmentation progressive de la population d’Aigle Ibérique.
Aujourd’hui, entre 600 et 700 couples peuplent la Péninsule, contre 120/130 couples en 1970.
Une population nicheuse marocaine existait en faible densité dans le Nord-Ouest du Pays (Tangérois et le nord du Rharb, peut-être dans les Zemmour – forêt de la Mamora, les Zaër et le Moyen Atlas) jusqu’au début du 20° siècle au moins.
Grâce aux efforts considérables déployées par l’Espagne pour la conservation de l’espèce, les observations marocaines et nord-africaines d’Aigles ibériques immatures erratiques en provenance de la péninsule sont de plus en plus fréquentes. En 2017, au moins quatre oiseaux ont franchi le détroit de Gibraltar en direction de l’Afrique du Nord ; il s’agissait dans les quatre cas d’oiseaux encore immatures :
- Un oiseau photographié, après avoir traversé le détroit de Gibraltar, derrière le port de Tanger-Med, le 12 septembre (R. El Khamlichi)
- Un oiseau photographié au même endroit le 6 octobre, également juste après avoir traversé le détroit (R. El Khamlichi)
- Un oiseau photographié également sur le même site le 10 novembre (R. El Khamlichi, Cécile Krystelle et Radu Adrian)
- Un oiseau mâle suivi par satellite en Andalousie a traversé le détroit en septembre 2017. Ce dernier a voyagé du nord du Maroc à l’Algérie puis dans les montagnes de l’Atlas, le Sahara et Guelmim. Il s’est ensuite dirigé vers le nord sur la côte atlantique entre Casablanca et Rabat où il survit grâce à la présence de proies en nombre dans les réserves et amodiations de chasses. Karim Rousselon, président de l’AMFCR, avait réussi à localiser et photographier cet oiseau qui n’a depuis pas quitté le Maroc où il séjourne principalement dans les réserves protégées de chasse – elles semblent lui offrir protection et nourriture. Espérons voir un cas de reproduction prochainement…
(Karim Rousselon, AMFCR)