D’après Azeroual, A. ; Crivelli, A.J. ; Yahyaoui, A. & Dakki, M. 2000. L’ichtyofaune des eaux continentales du Maroc. Cybium 24(3) suppl : 17-22.
Les espèces autochtones
L’ichtyofaune autochtone du Maroc est caractérisée par la prédominance des Cyprinidae et des barbeaux en particulier. En plus de ces Cyprinidae, on trouve dans les eaux continentales marocaines d’autres espèces comme les aloses (Alosa alosa, A. fallax), l’anguille (Anguilla anguilla), la truite (Salmo trutta macrostigma), la loche (Cobitis maroccana), les muges, les bars, etc.
Les espèces introduites
On recense aujourd’hui 16 espèces introduites au Maroc (Mouslih, 1987). Cet auteur établit trois étapes d’introduction :
- La première étape (1924-1935) au cours de laquelle seule la carpe commune a été introduite.
- La deuxième étape (1936-1966), décrite comme “l’ère de la pêche sportive” a été caractérisée par la prolifération d’associations de pêcheurs à l’origine de la plupart des introductions (sandre, rotengle, tanche, perche, truite arc-en-ciel, black-bass, perche soleil, Aphanius, brochet). Ces introductions “aveugles”, sans étude scientifique préalable de leurs possibles impacts sur l’ichtyofaune locale, ont provoqué la disparition d’une espèce endémique maro- caine, Salmo pallaryi Pellegrin, 1924.
- La troisième étape (1981-1999) a vu l’introduction de trois carpes chinoises: la carpe herbi- vore, Ctenopharyngodon idellus (Valenciennes, 1844), la carpe argentée, Hypophthalmichthys molitrix (Valenciennes, 1844) et la carpe à grosse tête, Aristichthys nobilis (Richardson, 1845) dans le but de réduire l’eutrophisation dans les lacs, les retenues de barrages et les canaux d’irrigation.
Conservation de l’ichtyofaune marocaine
La situation actuelle de l’ichtyofaune marocaine est précaire et fragilisée par les activités économiques croissantes, la destruction des milieux naturels, la pression démographique et la sécheresse.
Les principales atteintes portent sur les rivières (oueds) qui sont polluées par les effluents domestiques et les déversements industriels sans aucun traitement préventif. L’oued Sebou, en aval de Fès, par exemple, est un fleuve mort : de Fès à Kénitra, il constitue le principal collecteur pour les rejets des égouts, des huileries, des sucreries et autres usines agro- alimentaires implantées sur les deux rives. Cette pollution est l’un des facteurs expliquant la quasi-extinction de l’alose de l’oued Sebou. Cependant, la surpêche et la construction, dans les années quatre-vingt, d’un barrage à sel coupant l’accès aux frayères naturelles situées en amont, sont également responsables de ce déclin.
Les conséquences des aménagements et des activités humaines (construction de barrages, détournement des cours d’eau, drainage, prélèvement de graviers, surpâturage, surpêche) sur les oueds mettent en péril la diversité de la faune ichtyologique.
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Données complémentaires :
- Qninba, A. ; Ibn Tattou, M. ; Radi, M. ; El Idrissi Essougrati, A. ; Bensouiba ; H. ; BenMoussa, S. ; Ougga, T. ; Bouzrou, J. ; Azaguagh, I. ; Bensbai, J. & Khayya, M.L. 2009. Sebkhet Imlily, une zone humide originale dans le Sud marocain. Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Vie, 31 : 51-55. [Tilapia guineensis]
- Qninba, A. ; El Agbani, M.A. ; Radi, M.& Pariselle, A. 2012. Sur la présence de Tilapia guineensis (Teleostei, Cichlidae) dans les gueltas d’un affluent de l’Oued Chbeyka, l’Oued Aabar (Province de Tan Tan, Sud-ouest du Maroc). Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Vie, 34 : 125-126.