Commerce d’oiseaux sauvages d’Afrique sub-saharienne en Algérie

Par: Imane Razkallah, Sadek Atoussi, Mouslim Bara, Zihad Bouslama & Moussa Houhamdi.

La première observation pour l’Algérie du Serin à croupion blanc Crithagra leucopygia – un couple nourrissant un jeune à Tamanrasset, dans l’extrême sud algérien, le 25 décembre 2019 (voir MaghrebOrnitho) – nous a incité à examiner la portée du commerce illégal de cette espèce, ainsi que celui du Serin du Mozambique C. mozambica (photo ci-dessus), deux espèces de Fringillidés originaires de l’Afrique sub-saharienne.

Pour ce faire, nous avons visité des marchés aux oiseaux de cinq villes du nord-est de l’Algérie – Guelma, Annaba, Souk-Ahras, Constantine et Sétif – entre octobre 2018 et juin 2019. Ces villes ont été sélectionnées sur la base de la tenue hebdomadaire de marchés où de nombreux animaux sauvages sont vendus. Les données sur le nombre, le prix et l’origine des animaux vendus ont été récoltés d’une manière opportuniste. Voir tableau 1 ci-dessous.

À part les deux espèces de serins, nous avons constaté la vente de deux espèces de perroquets africains. Les vendeurs indiquaient que les oiseaux étaient d’origine sauvage et qu’ils avaient été acheminés par voie terrestre via le sud du pays, notamment la région de Tamanrasset.

Ceci montre un engouement certain des Algériens pour les oiseaux de cage. Cette pratique concernait traditionnellement des oiseaux locaux, avec en tête le Chardonneret élégant Carduelis carduelis ; on estime que près de 1500 individus sont vendus chaque année rien qu’au marché de Guelma (Razkallah et al. 2019, Bergin et al. 2019) et que l’aire de répartition de cette espèce en Algérie a reculé de 57% (Khelifa et al. 2017). De fait, de plus en plus d’éleveurs se sont tournés vers d’autres espèces de fringillidés, notamment le Serin cini Serinus serinus et la Linotte mélodieuse Linaria cannabina, en parallèle d’une augmentation de la demande en espèces exotiques.

Malgré la publication en 2004 d’un arrêté interministériel réglementant l’importation de produits aviens de pays où la grippe aviaire a été déclarée, et interdisant totalement l’importation d’oiseaux exotiques, nous avons observé la présence d’un certain nombre de ces espèces sur les étals des marchés de rue et les animaleries. La plupart des espèces présentes dans les marchés algériens ont un statut de préoccupation mineur selon l’IUCN, et leur commerce international n’est pas interdit par la CITES, exception faite pour le Perroquet gris du Gabon, classé dans l’annexe I de la CITES depuis 2017.

Remerciements:

Nous tenons à remercier le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) et la Direction Générale de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique (DGRSDT) de l’Algérie pour leurs aides et leurs soutiens, ainsi qu’à Ron Demey pour ses commentaires constructifs.

Bibliographie:

Bergin, D. ; Nijman, V. & Atoussi, S. 2019. Concerns about trade in wild finches in Algeria. Oryx 53: 410-411.

Khelifa, R. ; Zebsa, R. ; Amari, H. ; Mellal, M.K. ; Bensouilah, S. ; Laouar, A. & Mahdjoub, H. 2017. Unravelling the drastic range retraction of an emblematic songbird of North Africa: potential threats to Afro-Palearctic migratory birds. Scientific Reports 7(1): 1092.

Razkallah, I. ; Atoussi, S. ; Telailia, S. ; Merzoug, A. ; Bouslama, Z. & Houhamdi, M. 2019. Illegal wild birds’ trade in a street market in the region of Guelma, north-east of Algeria. Avian Biology Research 12: 96-102.

Crithagra leucopygia

4 thoughts on “Commerce d’oiseaux sauvages d’Afrique sub-saharienne en Algérie

    1. Effectivement oui, c’était dans une version précédente de ce document.
      Je vais voir si on peut remédier à ça.

      Merci pour votre commentaire.

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