Birdwatching et évaluation de l’état de quelques lacs du Moyen Atlas

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), en présence de leurs partenaires clés, a procédé au lâcher de deux espèces de mammifères (25 Mouflons à manchettes, et 12 Gazelles de l’Atlas ou de Cuvier), et une espèce d’oiseau qui est le Vautour de Rüppell (5 individus dont 4 sont munis de balises GPS). Les animaux ont été relâchés dans la zone de Timahdite qui fait partie du Parc National d’Ifrane.

En ce qui concerne le lâcher des Vautours de Rüppell, l’opération fait partie du programme de suivie scientifique des vautours africains lancé il y a quelques années par le GREPOM/BirdLife Maroc et l’ANEF avec la collaboration d’autres partenaires.

Après la participation à cet évènement, les représentants du GREPOM ont profité de leur présence dans le Moyen Atlas pour faire le birdwatching dans la région. Et pour joindre l’utile à l’agréable, l’équipe a décidé de visiter quelques lacs pour faire aussi bien l’évaluation de l’état de ces zones humides que le birdwatching proprement dit. Le groupe du GREPOM était composé de Rhimou El Hamoumi, Khadija Bourass, Ibrahim Farouqi et Mohamed Amezian.

À cause de la sécheresse sévère qui a touché une grande partie du Maroc ces dernières années, nous nous attendions à voir beaucoup moins d’eau dans les lacs (ou totalement asséchés), et par conséquent moins d’oiseaux d’eau (en comparaison avec l’hiver).

Dans la matinée du 18 juin, nous avons quitté Ifrane en direction de Dayet Hachlaf qui était complètement sèche. La cause principale est la sécheresse, mais le pompage de l’eau est aussi un facteur contributif. Pas d’eau, pas d’oiseaux d’eau ! Cependant, nous avons observé plusieurs espèces dans la zone avoisinante dont le Traquet de l’Atlas (Traquet de Seebohm), qui est endémique du Maghreb, et d’autres oiseaux des habitats ouverts et forestiers (Rollier d’Europe, Huppe fasciée, Linotte mélodieuse, Serin cini, Gobemouche gris, Grand Corbeau,…etc).

Dayet Hachlaf est devenue une prairie humide après son assèchement principalement à cause de la sécheresse (le pompage de l'eau est aussi un facteur contributif).
Dayet Hachlaf est devenue une prairie humide après son assèchement.

À la maison forestière proche du site, nous avons eu de belles observations d’une colonie de Faucon crécerellette avec des mouvements de vas et viens vers leurs nids établis sous les tuiles des maisons (environ 15 couples). Dans le même endroit, il y a aussi une belle colonie de Moineau soulcie avec plusieurs parents nourrissants (adultes transportant de la nourriture et visitant les nids faits dans les trous dans les murs).

Le site de la colonie de Faucon crécerellette près de Dayet Hachlaf.
Le site de la colonie de Faucon crécerellette près de Dayet Hachlaf.

La sécheresse est si sévère que même la Cigogne blanche qui nichait ici a déserté son nid au cours des deux dernières années, selon l’état du nid et confirmé par une femme locale qui connaît bien les oiseaux de la zone (photo ci-dessus).

Nid d’une Cigogne blanche déserté à cause de la sécheresse.
Nid d’une Cigogne blanche déserté à cause de la sécheresse.

Notre deuxième zone humide est Dayet Ifrah dont le niveau de l’eau était beaucoup plus bas par rapport aux années passées. Ici, nous avions observé quelques espèces d’oiseaux d’eaux (liste ci-dessous) ainsi que d’autres espèces dans les environs tels que le Milan noir, la Tourterelle des bois, le Traquet de l’Atlas, le Cochevis de Thékla…etc.

EspèceNombre d’individus
Tadorne casarca  12
Canard colvert             80
Érismature à tête blanche5
Fuligule nyroca 10
Fuligule milouin 30
Grèbe huppé1
Foulque macroule  20
Échasse blanche25
Petit gravelot3
Aigrette garzette 6
Héron cendré2
Liste des oiseaux d’eaux observés à Dayet Ifrah.
Vue partielle de la Dayet Ifrah.

Notre dernier arrêt est la Dayet Afourgaa. Ce site n’est pas seulement à sec, c’est plus que cela. Le sol du lac et surtout des environs immédiats est si sec, que nous avons à peine pu ouvrir les yeux pour prendre quelques photos à cause de la poussière. En bref, Afourgaa ressemblait à un paysage désertique. Par comparaison, Dayet Hachlaf, bien qu’elle soit aussi à sec, le lit de zone humide n’est pas totalement dépourvu de vie (devenue une prairie humide).

Paysage désertique du Dayet Afourgah et de ses environs immédiats.
Paysage désertique du Dayet Afourgah et de ses environs immédiats.

Les effets de l’assèchement des lacs du Moyen Atlas

Les effets de la sécheresse et de l’utilisation irrationnelle de l’eau sur les lacs du Moyen Atlas et leur faune ne sont pas nouveaux, mais ils deviennent de plus en plus graves en conséquence de l’accélération du changement climatique et le pompage excessif de l’eau. Voir le reportage suivant dans lequel la Présidente du GREPOM explique, entre autres, les effets de l’assèchement des lacs sur les oiseaux d’eau dans le Moyen Atlas.

Le reportage a été réalisé en 2020 (mais toujours d’actualité) par Mohamed Drihem pour le compte du journal Le Martin.

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