Récupération du cadavre d’un Aigle ibérique à Marrakech

Récupération du cadavre d’un Aigle ibérique à Marrakech

L’unité régionale Marrakech-Safi du GREPOM a été sollicitée par des collègues espagnols pour récupérer une balise GPS installée sur un Aigle ibérique qui ne présentait aucun mouvement depuis une dizaine de jours. Les derniers signaux de la balise GPS localisaient cet aigle au niveau du Golf Royal de Marrakech. Avec l’aide de l’administration du Golf, l’équipe constituée et dirigée par le Professeur Mohamed RADI (Responsable de l’Unité Régionale Marrakech-Safi du GREPOM) a pu récupérer le  19 novembre 2021 le cadavre de cet aigle immature qui gisait dans la végétation herbacée non loin de deux grands bassins d’eau et qui portait encore la balise GPS. L’examen du corps de l’aigle ne laissait apparaître ni blessures ni fractures, encore moins des impacts de tirs par une arme ; l’oiseau ne montrait pas non plus de séquelles d’une quelconque électrocution. Cependant, la présence importante d’excréments suite à une diarrhée aiguë, la posture du cadavre de l’aigle ventre face au sol avec ailes légèrement déployées ainsi que sa localisation près des bassins d’eau laissent penser qu’il s’agit d’une mort suite à un empoisonnement (les oiseaux empoisonnés ont tendance à boire beaucoup d’eau).

Seule une autopsie du cadavre de cet Aigle pourrait renseigner sur la nature de la substance à l’origine de l’empoisonnement.

Mr J.R. Garrido a eu l’amabilité de communiquer l’itinéraire suivi par l’Aigle ibérique en question.

Vifs remerciements aux responsables du Golf Goyal pour l’aide apportée pour récupérer le cadavre de l’Aigle ibérique.

Itinéraire du déplacement de l’Aigle ibérique andalou depuis Granada jusqu’à Marrakech.

L’Aigle ibérique au Maroc (Extrait de Bergier et al. 2022 – à paraître)

L’Aigle ibérique Aquila adalberti, endémique de la Péninsule ibérique, nichait dans le Tangérois et le nord du Rharb, peut-être dans les Zaër (forêt de la Mamora) et le Moyen Atlas jusqu’au début du XXe siècle au moins. Deux observations assez récentes : un couple noté près d’Oued Lao dans le Rif au printemps 1977 et un dernier cas de reproduction a été rapporté en 1995 (in).

Depuis les années 1980s, et à la suite de fortes mesures de protection, la remontée des effectifs espagnols a été suivie d’une augmentation des observations au Maroc; quelques juvéniles/immatures s’engagent maintenant régulièrement dans la traversée du Détroit de Gibraltar et quelques-uns franchissent occasionnellement le Sahara pour atteindre la Mauritanie et le Sénégal comme en témoigne le suivi d’individus radiopistés. Ils sont principalement détectés dans le Tangérois, mais des observations viennent aussi du Rif, du Rharb, des Zaër et Zemmour, des Plaines du Maroc Oriental, des Doukkala, des Haha, du Haut Atlas Occidental, du Dadès-Draa, du Souss et du Bas Draa. Ces mouvements s’effectuent principalement de mi-août à mi-novembre et de mars à début mai.

L’Aigle ibérique est maintenant un hivernant rare mais probablement régulier, en particulier dans la forêt de la Mamora et dans le Bas Draa côtier où la majorité des observations récentes se concentrent dans la région de Guelmine, entre les vallées des oueds Noun et Draa. D’autres mentions hivernales récentes viennent des Zaër (p. ex. Bouznika), du Moyen Atlas (p. ex. Khenifra), de la Moulouya (p. ex. Missour), du Souss (p. ex. Massa) et de l’Oued Ad Deheb côtier (p. ex. baie de Dkhayla). Quatre oiseaux, dont trois juvéniles / immatures, ont été trouvés électrocutés sous des pylônes dans la région du Bas Draa en janvier 2016.

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Bergier, P. ; Thévenot, M. ; Qninba, A. & Houllier, J.R. 2022 (à paraître). Oiseaux du Maroc. Birds of Morocco. SEOF, Paris. 648 pp.

 

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